vendredi 24 octobre 2014

Corruption, ça suffit !

Soirée du 19 octobre,présentée par Edwy Plenel et animée par Benoît Collombat et Antoine Peillon,
Avec Roberto Scarpinato, Procureur général auprès du parquet de Palerme, Eric Alt, magistrat, Chantal Cutajar, universitaire, William Bourdon, avocat, Monique Pinçon-Charlot, sociologue, Antoine Garapon, magistrat, éditeur, Jean-Paul Philippe, policier,Cynthia Fleury, philosophe, Paul Jorion, anthropologue, Pierre Lascoumes, sociologue et François Morin, économiste.

dimanche 22 décembre 2013

Noire finance

2/2. Le bal des vautours.
Réalisateurs : Jean-Michel Meurice, Fabrizio Calvi.
Le second volet montre comment, à travers l’éclatement de la bulle immobilière et la crise des subprimes des années 2000, le “piège à pauvres” s’est refermé. Il décortique les rouages de la “machine à dette” et expose avec clarté les logiques boursières qui ont mené à la crise mondiale actuelle. Dénonçant l’impunité des ” banksters ” et leur emprise sur la classe politique occidentale (aux États-Unis, on parle même d’un ” gouvernement Goldman Sachs “), les réalisateurs concluent leur enquête sur un chiffre éloquent : les principaux dirigeants financiers mondiaux totalisent 95 milliards de dollars de salaire alors qu’ils ont accumulé 1 000 milliards de perte… 


samedi 21 décembre 2013

Noire finance

1/2. La grande pompe à phynances. 
 Réalisateurs : Jean-Michel Meurice, Fabrizio Calvi.
Dans ce premier volet, les auteurs remontent au fameux jeudi noir d’octobre 1929 à Wall Street, jusqu’à la libéralisation sous Reagan et Thatcher. Dans ce premier volet, les auteurs remontent au fameux jeudi noir d’octobre 1929 à Wall Street, pour montrer comment une crise boursière se transforme en crise bancaire, qui elle-même se développe en crise économique mondiale. Des ” barons voleurs ” d’hier aux golden boys des années Tapie, des accords de Bretton Woods à la création de l’euro, il retrace ensuite les différentes étapes qui ont conduit à la libéralisation des flux financiers. Assurances, produits dérivés, fonds spéculatifs (hedge funds)… : les dispositifs techniques se succèdent pour accroître les profits, augmentant toujours plus le risque et la fraude systémiques. Pourquoi faut-il donner de l’argent public aux banques privées en faillite ? C’est par cette question sans ambiguïté que s’ouvre ce passionnant documentaire qui, pendant plus de deux heures, nous entraîne dans les arcanes d’un système financier devenu incontrôlable. Y répondre n’était pas gagné d’avance, tant est opaque l’univers de la finance. Mais Jean-Michel Meurice et Fabrizio Calvi (déjà coauteurs pour ARTE de Série noire au Crédit Lyonnais et de ELF : les chasses au trésor) nous ont habitués depuis longtemps à traiter sous une forme accessible des dossiers complexes. Noire finance s’inscrit dans cette veine : un montage très éclairant de propos de spécialistes, émaillé de scènes d’animation, retrace l’histoire politique des déréglementations qui ont abouti à la financiarisation de l’économie mondiale, au profit d’une spéculation criminelle.

mercredi 18 décembre 2013

Stéphane Hessel : "Ce qui se passe actuellement est très dangereux !"

Une interview du 15/10/2012 de Stéphane Hesse par Olivier Berruyer.
Olivier Berruyer : M. Hessel, vous êtes l’auteur du livre « Indignez-vous », qui a été un gros succès avec presque 5 millions d’exemplaires. À l’époque, quelques esprits chagrins avaient souligné que l’indignation seule était insuffisante. En défendant une motion au PS, vous avez décidé de transformer l’indignation en action. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous engager dans ce combat ?
Stéphane Hessel : cette motion numéro 4 a été rédigée par des gens consciencieux et conscients des grands problèmes qui sont devant nous ; elle était d’ailleurs beaucoup plus longue et plus explicite que les autres. J’ai accepté de la soutenir à la demande de Pierre Larrouturou, car j’ai pour lui une importante considération depuis beaucoup d’années déjà. Il a été le premier à nous expliquer qu’il fallait pousser la Réduction du Temps de Travail beaucoup plus loin, et qu’elle n’aurait toute sa signification que si on arrivait à des semaines de 32 heures. C’était déjà une idée intéressante et juste, qui m’avait frappé, tout comme d’autres idées qu’il avançait.
Ma principale préoccupation, que j’ai essayé d’ailleurs de traduire dans les quelques pages de «Indignez-vous», c’est de voir que nous faisons face à des risques très graves que court actuellement non pas seulement la France, ni seulement l’Europe, mais je dirais la Civilisation. Car il y a trop longtemps que nous vivons otages d’une politique financière et politique complètement dévergondée, avec des crimes commis constamment contre le salarié de base, de la part des grandes entreprises corrompues et souvent cupides.
Par cette position que j’occupe maintenant depuis pas mal d’années dans le cadre de la gauche française, il m’a semblé qu’il était bon de stimuler le Parti socialiste – mon parti depuis très longtemps – pour qu’il mène des actions courageuses. Celui-ci a actuellement énormément de pouvoirs, mais il risque de ne les utiliser que pour se maintenir au pouvoir plutôt que pour transformer radicalement nos sociétés, ce dont elles ont besoin.
Tout ceci m’a donc amené à penser que cela valait la peine que je mette mon nom à la tête d’une motion. Je l’ai fait sans trop d’illusions, me doutant bien qu’une motion qui allait être concoctée en quelques semaines et qui allait être présentée très vite n’aurait pas une très forte majorité. Mais j’ai été agréablement surpris que nous ayons quand même dépassé les 11 %.
OB : Comment expliquez-vous que le Parti socialiste se soit finalement aligné assez fortement sur les principes de la dérégulation néolibérale dans les années 80 et comment expliquez-vous qu’il tarde autant à réagir pour essayer de re-réguler ?
SH : C’est exact. Le parti socialiste a été un peu prisonnier du climat général en Europe où, pour des raisons historiquement compréhensibles, prévalait la règle du « Surtout pas de marxisme ! ». On s’est donc laissé séduire par des idées comme celles de Milton Friedman : « le capitalisme est probablement inscrit dans les faits, pourquoi essayer de s’en débarrasser ? On va pouvoir au contraire profiter de tout ce qu’il apporte, de l’esprit d’entreprise, etc. »
Il semble que personne ne se soit aperçu que, d’année en année et de présidence en présidence, à force de dérégulation permanente, il nous resterait bien peu de socialisme… Je fais une parenthèse pour Michel Rocard, où, dans ses trois années de ministère, on a fait des choses très utiles, telles le RMI et la CSG ; il y avait une reprise d’une pensée économique marquée par le socialisme, mais cela n’a pas duré. Tout cela nous a conduit à une France qui, à la différence de l’Allemagne et de son modèle de capitalisme rhénan, n’a pas maintenu un minimum de responsabilité sociale.
C’est ce qui fait que j’ai trouvé que la présidence Sarkozy correspondait malheureusement à une tendance très répandue, depuis Thatcher et Reagan, et qui allait nous mener dans le mur. Pour toutes ces raisons, il m’a paru indispensable de redonner au Parti socialiste français le rôle qu’il n’aurait jamais dû cesser d’exercer.
OB : Comment expliquez-vous que dans les six premiers mois de présidence Hollande aussi peu de mesures, ne serait-ce que symboliques, aient été prises pour modifier la trajectoire du pays ?
SH : Il ne faut pas être trop sévère. Ce que Hollande a réussi dans ses contacts avec les autres Européens c’est d’imposer qu’après l’adoption d’un traité qui était un traité de régulation financière stricte, il y ait un élancement vers davantage de développement d’investissement de croissance. Donc je ne lui jette pas la pierre.
Vous dites six mois c’est trop, c’est vrai, mais ce n’est pas encore énorme : on peut donc encore accélérer le mouvement nécessaire. J’ai soutenu l’initiative Roosevelt 2012 pour rappeler que, dans les années 1930, le président Roosevelt, en l’espace de quelques semaines, avait vraiment renversé les données de l’économie américaine avec des résultats très importants. Et nous attendons un effort semblable de la part de François Hollande et de Jean-Marc Ayrault. Alors pour le moment on ne peut pas dire que ce soit très visible, on a plutôt un peu de découragement devant le peu de mesures fortes prises très vite. Mais on peut aussi comprendre qu’il ne soit pas si facile de prendre des mesures courageuses très vite et qu’il est encore temps de prendre des mesures fortes.
OB : J’aimerais prendre maintenant un petit peu de recul sur la situation actuelle. Durant les 30 glorieuses, on a assisté à une énorme compression des inégalités, une forte augmentation des pouvoirs d’achat, bref, à une avancée très importante dans l’histoire économique humaine. Au contraire, à partir du tournant néolibéral (Reagan, Thatcher) de la fin des années 1970, on se rend compte que les inégalités se sont remises à augmenter très fortement, en particulier aux États-Unis – c’est un peu moins vrai en France. Elles y ont retrouvé leur niveau des années 1900. Comment expliquez-vous un tel recul social une telle acceptation, une telle résignation des peuples vers cette hausse des inégalités qui profite aux seuls 1 % les plus aisés ?
SH : Occupy Wall Street, en est le résultat, c’est tout à fait exact. Il est toujours difficile de tenter d’analyser un courant historique. Cet assoupissement est survenu au creux d’une économie néolibérale sans véritable contrainte, sans véritable régulation.
On peut peut-être attribuer une partie de cela à la chute de l’empire soviétique et au retour vers l’Europe de pays qui avaient été marqués par l’économie communiste et qui voulaient en changer radicalement. Il n’y a plus eu face à Reagan et Thatcher et face à Milton Friedman d’expériences chinoises, russes, polonaises qui auraient pu servir de bouclier.
Une autre raison est probablement que le capitalisme est intelligent et qu’il a réussi à donner l’impression qu’il y avait de la croissance alors que cette croissance était souvent liée à de l’endettement.
Bref, on ne s’en est pas aperçu à temps. Vous avez raison de situer cela après 1971, date du décrochage de l’or et du dollar ; il y a alors eu une poussée commencée vers ces années-là et qui n’a malheureusement été freinée par personne. C’est très malheureux, et les historiens décortiqueront cela. Certains économistes le font déjà, comme Joseph Stiglitz ou René Passet, qui sont passionnants pour démontrer combien on a perdu de terrain au cours des trente dernières années du XXe siècle.
OB : C’est sans doute le combat à venir du XXIe siècle, non?
SH : Ça devrait l’être et l’on peut donner une date, à mon avis intéressante, c’est l’an 2000. En l’an 2000, le secrétaire général des Nations unies Kofi Annan a réuni à New York toutes les organisations non gouvernementales intéressées par l’évolution historique, et leur a demandé de définir les huit objectifs principaux de développement du millénaire. Ce texte-là est prodigieusement intéressant, car il montre clairement la façon dont il faudrait préserver les biens publics fondamentaux : l’eau l’énergie, le bois, la santé, l’éducation…
Ce texte qui devait amener les Nations unies à diviser par deux la pauvreté dans le monde en l’an 2015 n’a évidemment pas été, jusqu’ici, appliqué. Les rencontres successives, que ce soient Johannesburg, Rio et les autres et Copenhague, n’ont pas donné de résultats. Pourquoi ? Parce que les gouvernements ont été amenés à travailler ensemble, mais chaque gouvernement ne se préoccupait que de ses propres intérêts plutôt que ceux de la population humaine et pendant ce temps les sociétés humaines ont commencé à se réunir. Il y a eu Porto Alegre, il a eu des forums sociaux, ce n’est pas nul. Mais c’est encore infiniment moins puissant que la conjonction des plus riches, des 1 %.
OB : Ne trouvez-vous qu’il y a une forme de déchéance morale à ce que l’Occident ait finalement abandonné les objectifs du millénaire et que 25 000 habitants de la planète meurent toujours de faim tous les jours, alors qu’au moment de la crise financière en 2008, on a pu mobiliser des milliers de milliards de dollars pour venir en aide au secteur financier ? Ne pensez-vous pas que le tiers monde va finir par regarder l’Occident d’une façon très différente après ça ?
SH : Mais oui, c’est déjà le cas ! On ne peut comprendre ce qui nous arrive sous le nom de terrorisme que par l’accumulation de méfiance et quelquefois de haine à l’égard des puissances qui ont réussi et qui sont riches. Tout en étant d’ailleurs très endettées, c’est encore autre chose… Donc vous avez tout à fait raison. Nous courons de plus en plus le risque de voir des sociétés divisées entre extrême pauvreté et très grande richesse et ça, c’est un drame qui risque de nous couter très cher…
OB : Vous avez joué, en tant qu’observateur, un rôle dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. Comment jugez-vous le recul depuis le 11 septembre 2001, d’un certain nombre de principes moraux, évidemment d’abord aux États-Unis : usage de la torture, assassinats ciblés sans procès ordonnés par Barack Obama dans des pays étrangers…. Et plus largement, comment jugez-vous l’évolution des droits de l’homme dans le monde ces dix dernières années ?
SH : Je crois qu’il faut être mesuré. Il y a effectivement, et vous venez de le souligner, un grave recul du respect des droits de l’homme notamment par des puissances qui ont des objectifs de domination mondiale ou de domination régionale. Et je mettrai deux pays en tête : les États-Unis et Israël. Dans l’un comme dans l’autre cas, on ne se soucie pas des droits fondamentaux, on poursuit la domination d’un pays et d’une puissance.
Mais il faut reconnaitre qu’à côté de cela, se développent dans beaucoup de pays des organisations de défense des droits de l’homme et qui, quelques fois, mobilisent même courageusement des foules. Il faut voir ce qui s’est passé récemment encore, que ce soit en Chine, en Russie, en Espagne, au Portugal et ailleurs : il y a une volonté de ne pas laisser bafouer les droits de l’homme qui trouve des porteurs. Pour le moment encore en quantité insuffisante, et si mon petit effort personnel à amener les gens à s’indigner s’inscrit là-dedans, c’est évidemment une toute petite chose par rapport à tout ce qui devrait se développer.
Mais il ne faut pas être uniquement découragé, car à côté des horreurs que vous signalez, qui sont en effet inacceptables, il y a des mouvements populaires dans beaucoup de régions du monde qui peuvent nous faire penser qu’une autre façon de voir les choses est possible. Il suffit pour cela de lire le petit livre d’Edgar Morin, « La Voie », dans lequel il montre que ce qu’il appelle presque une métamorphose humaine est possible. Parce qu’il y a aussi de plus en plus de gens qui veulent se débarrasser d’une attitude égoïste et corruptrice pour adopter profondément une attitude de sympathie, de respect et d’humanité.
OB : On voit que le printemps arabe apporte certaines désillusions, il y a des tensions très fortes autour de la Syrie aujourd’hui, l’Iran est sous la menace de bombardements dont on se demande jusqu’où les conséquences pourraient aller – comme si l’Humanité perdait la raison sur certains points. Comment jugez-vous les ferments de haine qui se développent actuellement sur la planète ?
SH : Je considère que ce qui se passe actuellement est très dangereux, très dangereux. Et que par conséquent, il faut très vite essayer de trouver des contrepouvoirs. Parce que la rapidité avec laquelle on démolit des zones entières, la façon dont, par exemple, on laisse la Chine acheter des terres en Afrique, tout ceci va poser de graves problèmes au climat. Toutes les atteintes portées actuellement à l’écologie des systèmes mondiaux sont d’une grande dangerosité.
En même temps, les choses sont toujours balancées, la prise en compte de ces risques s’accroit. Il y a un peu partout dans le monde, et même parmi les jeunes générations, de plus en plus de groupes qui se forment et qui essaient de lutter. Donc ça va mal, mais ça peut aller mieux. Dans le petit texte que notre motion a publié, nous avons écrit : « ça va plus mal qu’on ne vous le dit, mais on peut faire quelque chose».
OB : Quel regard portez-vous sur l’engagement des citoyens, et son évolution au cours des décennies passées ?
SH : Je dirais que l’engagement était faible pendant la deuxième moitié du XXe siècle, un peu plus fort pendant les 3 ou 4 dernières années du XXe siècle et qu’il est de nouveau retombé lourdement après la chute des tours du World Trade Center. Et il est actuellement en train de se reprendre.
OB : Vous avez vu qu’aujourd’hui l’Europe a été récompensée du prix Nobel de la paix, qu’en pensez-vous ?
SH : J’en pense un peu la même chose j’avais pensé quand Obama a eu le prix Nobel. Je dis qu’il faut s’en servir pour montrer que la seule signification qu’on tente de donner au prix Nobel de la paix, c’est de réaffirmer des valeurs humaines profondes qui devraient être respectées et l’on peut dire que malheureusement l’Union européenne telle qu’elle fonctionne aujourd’hui ne mérite surement pas le prix Nobel, mais que si on le lui attribue, ça peut l’encourager à essayer de le mériter… (rires)
OB : Comment expliquer une telle modification de l’Europe, qui était partie sur des bases assez intéressantes, avant de s’engager dans un tournant néolibéral quasi-suicidaire ?
SH : C’est effectivement la question. L’Europe a été dominée par une oligarchie financière et économique, et elle n’a pas su développer ni sur le plan social, ni sur le plan culturel et éducatif, tout ce qu’elle aurait pu développer. Il ne faut pas sous-estimer certains efforts qui ont été faits et qui font qu’actuellement il y a une espèce d’européisme de la part des Européens ce n’est pas nul, mais c’est très insuffisant encore.
OB : Vous venez de sortir avec Albert Jacquard un livre sur le désarmement nucléaire, Exigez ! Un désarmement nucléaire total . Qu’est-ce qui vous a donné envie de remettre sous les projecteurs ce sujet ?

SH : Car il m’horrifie particulièrement. Nous nous sommes laissé entrainer à vouloir faire de l’armement nucléaire en sachant parfaitement que l’on ne peut pas s’en servir. C’est complètement impossible de s’en servir si l’on veut rester à peu près civilisé. Et malgré ça, on dépense des fortunes et l’on ne fait pas l’effort pour l’énergie renouvelable. Et l’on ne fait pas l’effort pour la paix et on laisse les armements nucléaires se développer dans le monde. Donc c’est suffisamment préoccupant pour que je sois heureux de cosigner avec d’autres, un appel à s’en débarrasser…
OB : Cela fait soixante-dix ans que vous vous engagez très fortement, depuis la Résistance jusqu’à aujourd’hui, sans vous arrêter…
SH : J’ai eu la chance de passer à travers une longue vie et de pouvoir de temps en temps y manifester mes convictions. C’est tout ce que l’on peut faire c’est ce que vous faites aussi j’en suis sûr, et je vous félicite de continuer à le faire
OB : Et vous qu’est-ce qui vous a donné le courage de vous engager dans la résistance en 1941, de partir à Londres?
SH : Si vous voulez à l’époque c’était facile, il y avait un ennemi évident que l’on ne pouvait pas accepter. Il y avait un pays envahi et battu militairement que l’on ne pouvait pas laisser faire de l’armistice et il n’y avait qu’une chose à faire, c’est rejoindre le général de Gaulle
OB : Et vous n’aviez pas peur pour vous?
SH : Non (rires)
OB : Où trouvez-vous votre énergie ?
SH : Je ne la trouve plus, je vieillis et je commence à ne plus pouvoir marcher droit, donc mon énergie je la garde pour quelques conversations au téléphone, qui me font plaisir, comme en ce moment. Mais pour le reste l’énergie, il n’y en aura bientôt plus. Mais tant que j’en ai, je suis content de pouvoir au moins l’utiliser…
OB : Avez-vous un message à transmettre aux jeunes qui liront cet interview ?
SH : Mon message c’est: «courage et confiance ! » Il faut avoir confiance en soi. Il faut se souvenir que Socrate nous disait: «Connais toi-même et aie confiance en toi» et il faut avoir du courage. Car les choses qui paraissent insupportables et insurmontables ont été dans le passé supportées et surmontées et il ne faut pas laisser tomber!

samedi 14 décembre 2013

La croissance mondiale va s'arrêter par Dennis Meadows


Causerie avec Dennis Meadows IFs/ESCP par IFsouhaitables
Interview au Monde En mars 1972, répondant à une commande d’un think tank basé à Zurich (Suisse) – le Club de Rome -, des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) publiaient The Limits to Growth, un rapport modélisant les conséquences possibles du maintien de la croissance économique sur le long terme. De passage à Paris , mercredi 23 mai, à l’occasion de la publication en français de la dernière édition de ce texte qui fait date (Les Limites à la croissance, Rue de l’Echiquier, coll. “Inital(e)s DD”, 408 p., 25 euros), son premier auteur, le physicien américain Dennis Meadows, 69 ans, a répondu aux questions du Monde.
Quel bilan tirez-vous, quarante ans après la publication du rapport de 1972 ?
D’abord, le titre n’était pas bon. La vraie question n’est pas en réalité les limites à la croissance, mais la dynamique de la croissance. Car tout scientifique comprend qu’il y a des limites physiques à la croissance de la population, de la consommation énergétique, du PIB, etc. Les questions intéressantes sont plutôt de savoir ce qui cause cette croissance et quelles seront les conséquences de sa rencontre avec les limites physiques du système. Pourtant, l’idée commune est, aujourd’hui encore, qu’il n’y a pas de limites. Et lorsque vous démontrez qu’il y en a, on vous répond généralement que ce n’est pas grave parce que l’on s’approchera de cette limite de manière ordonnée et tranquille pour s’arrêter en douceur grâce aux lois du marché. Ce que nous démontrions en 1972, et qui reste valable quarante ans plus tard, est que cela n’est pas possible : le franchissement des limites physiques du système conduit à un effondrement. Avec la crise financière, on voit le même mécanisme de franchissement d’une limite, celle de l’endettement : on voit que les choses ne se passent pas tranquillement.
Qu’entendez-vous par effondrement ? 
La réponse technique est qu’un effondrement est un processus qui implique ce que l’on appelle une “boucle de rétroaction positive”, c’est-à-dire un phénomène qui renforce ce qui le provoque. Par exemple, regardez ce qui se passe en Grèce : la population perd sa confiance dans la monnaie. Donc elle retire ses fonds de ses banques. Donc les banques sont fragilisées. Donc les gens retirent encore plus leur argent des banques, etc. Ce genre de processus mène à l’effondrement. On peut aussi faire une réponse non technique : l’effondrement caractérise une société qui devient de moins en moins capable de satisfaire les besoins élémentaires : nourriture, santé, éducation, sécurité. Voit-on des signes tangibles de cet effondrement ? Certains pays sont déjà dans cette situation, comme la Somalie par exemple. De même, le “printemps arabe”, qui a été présenté un peu partout comme une solution à des problèmes, n’est en réalité que le symptôme de problèmes qui n’ont jamais été résolus. Ces pays manquent d’eau, ils doivent importer leur nourriture, leur énergie, tout cela avec une population qui augmente. D’autres pays, comme les Etats-Unis, sont moins proches de l’effondrement, mais sont sur cette voie. 
La croissance mondiale va donc inéluctablement s’arrêter ? 
La croissance va s’arrêter en partie en raison de la dynamique interne du système et en partie en raison de facteurs externes, comme l’énergie. L’énergie a une très grande influence. La production pétrolière a passé son pic et va commencer à décroître. Or il n’y a pas de substitut rapide au pétrole pour les transports, pour l’aviation… Les problèmes économiques des pays occidentaux sont en partie dus au prix élevé de l’énergie. Dans les vingt prochaines années, entre aujourd’hui et 2030, vous verrez plus de changements qu’il n’y en a eu depuis un siècle, dans les domaines de la politique, de l’environnement, de l’économie, la technique. Les troubles de la zone euro ne représentent qu’une petite part de ce que nous allons voir. Et ces changements ne se feront pas de manière pacifique.
Pourtant, la Chine maintient une croissance élevée… 
J’ignore ce que sera le futur de la Chine. Mais je sais que les gens se trompent, qui disent qu’avec une croissance de 8 % à 10 % par an, la Chine sera le pays dominant dans vingt ans. Il est impossible de faire durer ce genre de croissance. Dans les années 1980, le Japon tenait ce type de rythme et tout le monde disait que, dans vingt ans, il dominerait le monde. Bien sûr, cela n’est pas arrivé. Cela s’est arrêté. Et cela s’arrêtera pour la Chine. Une raison pour laquelle la croissance est très forte en Chine est la politique de l’enfant unique. Elle a changé la structure de la population de manière à changer le ratio entre la main-d’œuvre et ceux qui en dépendent, c’est-à-dire les jeunes et les vieux. Pour une période qui va durer jusque vers 2030, il y aura un surcroît de main-d’œuvre. Et puis cela s’arrêtera. De plus, la Chine a considérablement détérioré son environnement, en particulier ses ressources en eau, et les impacts négatifs du changement climatique sur ce pays seront énormes. Certains modèles climatiques suggèrent ainsi qu’à l’horizon 2030 il pourrait être à peu près impossible de cultiver quoi que ce soit dans les régions qui fournissent actuellement 65 % des récoltes chinoises… 
Que croyez-vous que les Chinois feraient alors ? 
Qu’ils resteraient chez eux à souffrir de la famine ? Ou qu’ils iraient vers le nord, vers la Russie ? Nous ne savons pas comment réagira la Chine à ce genre de situation… Quel conseil donneriez-vous à François Hollande, Angela Merkel ou Mario Monti ? Aucun, car ils se fichent de mon opinion. Mais supposons que je sois un magicien : la première chose que je ferais serait d’allonger l’horizon de temps des hommes politiques. Pour qu’ils ne se demandent pas quoi faire d’ici à la prochaine élection, mais qu’ils se demandent : “Si je fais cela, quelle en sera la conséquence dans trente ou quarante ans ?” Si vous allongez l’horizon temporel, il est plus probable que les gens commencent à se comporter de la bonne manière. 
Que pensez-vous d’une “politique de croissance” dans la zone euro ? 
Si votre seule politique est fondée sur la croissance, vous ne voulez pas entendre parler de la fin de la croissance. Parce que cela signifie que vous devez inventer quelque chose de nouveau. Les Japonais ont un proverbe intéressant : “Si votre seul outil est un marteau, tout ressemble à un clou.” Pour les économistes, le seul outil est la croissance, tout ressemble donc à un besoin de croissance. De même, les politiciens sont élus pour peu de temps. Leur but est de paraître bons et efficaces pendant leur mandat; ils ne se préoccupent pas de ce qui arrivera ensuite. C’est très exactement pourquoi on a tant de dettes : on emprunte sur l’avenir, pour avoir des bénéfices immédiats, et quand il s’agit de rembourser la dette, celui qui l’a contractée n’est plus aux affaires.
Stéphane Foucart et Hervé Kempf, Le Monde

mercredi 11 décembre 2013

Clarifications

Nous souhaitons vous donner quelques éléments de clarification concernant le positionnement du collectif Roosevelt suite aux remarques et questionnements qui nous sont remontés après l'annonce de la création du nouveau mouvement politique Nouvelle Donne. Nous constatons une certaine confusion, nous espérons que ces éclaircissements vous seront profitables.
  • Nouvelle Donne n'est pas une émanation du collectif Roosevelt. Il est le résultat de réflexions de certains de ses membres, qui en dehors de ses instances ont décidé de la création de ce mouvement politique (même si cette option a été évoquée).
  • Comme membre du collectif, nous nous réjouissons qu'un mouvement politique reprenne nos propositions et nous espérons que son action permettra de les porter plus avant. C'est une bonne nouvelle. Le collectif n'a pas mis de copyright sur ses propositions, toute structure peut y faire référence.
  • Cependant le Collectif, comme mouvement citoyen dont l'objet est le plaidoyer politique et l'éducation populaire, réaffirme son positionnement vis à vis de tout parti politique y compris Nouvelle Donne. Il garde sa totale autonomie, autrement dit :
- Le collectif ne s'est pas transformé en parti, il continue son action de mouvement citoyen. 
- Le collectif a ses propres institutions, son propre site internet, ses propres bénévoles et salariés (En l’occurrence Clémence puisque Benjamin s'est mis en congés longue durée, son contrat de travail est suspendu, il ne répondra plus aux sollicitations du collectif), ses propres structures, groupes locaux etc.  Très concrètement cela se traduit par plusieurs dispositions:
  1. le collectif continue son activité en 2014.
  2. Pierre Larrouturou, président jusqu'à l'AG du 15 décembre, a pris congé du bureau dès l'annonce de la création de Nouvelle Donne. Il ne participe plus aux décisions du bureau. La secrétaire générale assure l'intérim.
  3. le collectif ne soutient pas Nouvelle Donne, le collectif ne soutient aucun parti, il est ouvert à tous quelques soient leurs opinions politiques, philosophiques ou religieuses. Les principes qui consistent à permettre à chacun d’exprimer ses opinons, de respecter celles des autres s'appliquent au sein du collectif. Nul ne peut être exclu pour ses appartenances autres, mais personne ne peut récupérer le collectif. Ainsi les groupes locaux du collectif ne participeront pas comme tels à la campagne électorale de Nouvelle Donne.
  4. les questions internes de Nouvelle Donne ne sont pas traitées dans les réunions du collectif (de même que les questions de la motion 4 du PS, ou de telles ou telles orientations d'EELV ne l'étaient).
Tel est le positionnement actuel du collectif proposé par le bureau. Ce point sera abordé à l'assemblée générale de dimanche prochain.

Bien amicalement

dimanche 8 décembre 2013

Les véritables causes du chômage par Maurice Allais (2010)

Les Annales des Mines sont une revue que je connais bien. Puisqu’elles me demandent mon avis sur la crise mondiale qui nous touche, un message essentiel et susceptible de s’adresser à mes anciens élèves, que je tiens à adresser est que le chômage n’est pas essentiellement dû à des questions monétaires (même si ces dernières vont jouer un rôle néfaste grandissant), mais qu’il est, en premier lieu, la conséquence de la libéralisation inconsidérée du commerce international.
Cette critique de la libéralisation m’est d’autant plus permise que je me considère comme un libéral socialiste : c’est-à-dire socialiste quant aux objectifs, et libéral quant aux moyens. Les deux ne me semblent, ainsi, plus opposables de manière antagoniste, mais deviennent complémentaires. Le libéralisme ne saurait être un laisser faire : il représente simplement un moyen pour assurer ce que j’ai appelé « les conditions pour vivre ensemble des ressortissants d’une collectivité donnée » (1). L’économie doit être au service de l’homme, et c’est ce que je désignais précédemment en tant qu’objectif.
Lorsque j’ai été promu Grand-croix de la Légion d’honneur, en janvier de cette année, j’ai reçu quelques lettres de félicitations d’anciens élèves (parmi ceux-ci se trouvent plusieurs auteurs publiés dans ce numéro, Francis Mer et Christian Stoffaës, dont je me souviens, même si cela commence à être ancien, de même que nous nous connaissons très bien, Marcel Boiteux et moi). Ils se souviendront qu’une des particularités qui me caractérisait, dans mes enseignements d’économie, était que je ne faisais jamais de cours ex cathedra. J’ai toujours cherché à mener un dialogue avec les étudiants sur les événements contemporains, à l’aide de panneaux affichés sur les murs.
De même, mon souhait a toujours été que mes élèves aient préalablement préparé les sujets par leurs propres lectures. Aussi leur recommanderais- je aujourd’hui de se reporter, à propos des origines de la crise actuelle, à ce que j’avais prévu et annoncé dans divers livres parus au cours des années 1990, et jusqu’au dernier, publié en 2005 (le dernier à ce jour, puisque j’ai des projets avec des éditeurs sur la physique et sur l’économie). En 1994, l’un de ces livres (2) appelait déjà à une réforme des règles du commerce international, et cette date souligne par elle-même que je n’ai pas attendu les événements présents pour en parler, mais que ces mécanismes économiques avaient été décrits par avance dans leurs tenants et aboutissants. Je regrette que mes critiques n’aient pas eu d’impact à l’époque, mais les solutions que je préconisais alors conservent toute leur pertinence. J’avais dédié mon ouvrage publié en 2005 « aux innombrables victimes de la doctrine libre échangiste, à tous ceux qui en sont conscients, et à tous ceux qui sont encore aveuglés par de pures affirmations sans justification réelle ». Durant toute ma carrière, j’ai constamment mis en garde contre le fait de se contenter d’affirmations pour justifier une théorie. Une théorie doit être confrontée aux faits, et l’expérience est l’arbitre véritable.
C’est la raison pour laquelle j’évoque, dans cet ouvrage de 2005, un « prétendu progrès », de « prétendues nécessités » et le « prétendu ordre mondial » qui depuis plusieurs décennies nous sont imposés « au nom de grands principes dénués de tout sens réel » ; de même que je parle d’une « économie mondialiste qu’on nous présente comme une panacée ». Nous avons été conduits à l’abîme par des affirmations économiques constamment répétées, mais non prouvées. Par un matraquage incessant, nous étions mis face à des « vérités établies, des tabous indiscutés, des préjugés admis sans discussion ».
Cette doctrine affirmait comme une vérité scientifique un lien entre l’absence de régulation et une allocation optimale des ressources. Au lieu de vérité, il y a eu, au contraire, dans tout ceci, une profonde ignorance et une idéologie simplificatrice. Ce que je constatais à l’époque s’inscrivait en faux contre des postulats alors qualifiés abusivement de lois économiques : « Une analyse correcte de la théorie du commerce international ne conduit en aucune façon à la conclusion que l’application à l’échelle mondiale d’une politique généralisée de libre échange pourrait correspondre à l’intérêt réel de chaque pays ».
L’enjeu capital actuel est le risque d’une destruction de l’agriculture et de l’industrie françaises. Ce danger est réel, et j’emploie le mot destruction car il est représentatif de la réalité. Un tel risque provient du mouvement incessant de délocalisations, elles-mêmes dues aux différences de salaires entre, d’une part, des pays développés tels que ceux d’Amérique du Nord ou d’Europe de l’Ouest, et, d’autre part, ceux d’Asie ou d’Europe orientale, par exemple la Roumanie ou la Pologne. Un écart de salaire élevé, aussi extrême qu’un rapport allant de un à six par exemple, n’est pas supportable sur le long terme par les entreprises des pays où le revenu est plus élevé. Cela ne veut pas dire que j’oppose entre elles ces différentes régions, qui me semblent toutes des victimes actuelles ou à venir du libre-échangisme voulu par l’OMC, le FMI, et par Bruxelles en ce qui concerne l’Europe. D’ailleurs, dans la préface de mon livre de 2005, je préconisais à ces victimes de s’unir dans une opposition à ce système qui se révélera finalement néfaste pour tous, hormis pour les multinationales, ainsi que pour le système bancaire international.
Les estimations auxquelles j’étais parvenu à propos de l’abandon de la préférence communautaire par Bruxelles, à partir de 1974, montraient, pour les pays fondateurs du Traité de Rome, une réduction de leur taux de croissance du PIB réel par habitant de l’ordre de 30 à 50 %. La réforme que je propose aujourd’hui est le rétablissement de préférences régionales au sein du commerce international. Un point essentiel tient à la définition de ces espaces régionaux, qui ne devront pas être trop vastes et devront rechercher une homogénéité interne, ce que je définis comme « des ensembles régionaux groupant des pays de développement économique comparable, chaque association régionale se protégeant raisonnablement vis-à-vis des autres ». Ma perception de ce que peut être une protection raisonnable ne supprime pas toute concurrence, mais évite les distorsions de concurrence, telles que celles engendrées par ces écarts trop importants de coûts salariaux. De tels ensembles régionaux devront offrir de la stabilité à leurs producteurs respectifs, et une régulation face aux désordres engendrés par le « laisser-fairisme » actuel à l’échelle mondiale.
Je ne demande à personne en particulier de soutenir mon message, et je ne demande pas plus aux ingénieurs des mines de se mobiliser en faveur de mes propositions : ils sont libres ! (J’ai longtemps eu l’ensemble des élèves de l’Ecole des Mines dans mes cours, quoique, vers la fin, on avait dispensé ceux du Corps des mines de suivre mon enseignement. Ce que je crois avoir été une erreur, mais les choses se sont faites ainsi). Cependant, il est bon de leur signaler l’existence d’une association nommée Airama, dont l’objet est de diffuser mes études en économie et en physique.
* Professeur honoraire à l’Ecole Nationale Supérieure des Mines de Paris – Prix Nobel d’économie.
(1) « L’Europe en crise. Que faire ? ». Editions Clément Juglar, Paris, 2005.
(2) « Combats pour l’Europe ». Editions Clément Juglar, Paris, 1994

samedi 7 décembre 2013

Démocratie : histoire d'un malentendu....

Pour Francis Dupuis-Déri, professeur au Département de science politique de l’UQAM (Université du Québec) la Démocratie n’est pas celle que l’on croit et son histoire est encore plus méconnue. Détestée et ridiculisée pendant des siècles, la démocratie était vue comme le pire des régimes pendant des générations en Occident. Dans Démocratie, Histoire politique d’un mot (Lux éditeur, 2013), il conclut avec fracas : nos pays ne sont pas des Démocraties et ne l’ont jamais été.